par Élise Warren
Elle dit qu’il suffit d’un rayon de lune sur ma peau
Juste là
Comme si ça pouvait me réchauffer
Au coeur de la nuit je n’ose m’endormir
Renverser les yeux pour mieux rêver
Elle dit
Ta mère voit les auras
Elle dit
Ta tante fait des voyages astrals
Elle dit
Ta grand-mère a été hantée par un esprit
La chaise berçante berçait
Toute seule
Elle venait avec un lit
On a brûlé la chaise on a laissé le lit
J’y dors chaque nuit
Elle dit
La magie est une force
Mais ça ne me suffit pas
Il aurait fallu que je sois
Fée sirène elfe
Peu importe mais
Extraordinaire
La lune grimpe sur mon bras
Voile ivoire sur mes points de beauté
Je rêverais aux nymphes aux ondines aux sorcières
Mes figures féminines hors du temps
Je croirais vivre moi aussi une transformation sous l’eau
Comme si mon corps voulait me révéler quelque chose
Elle dit
La magie est une force intérieure
Je veux retrouver
Ces yeux de jadis
Ceux qui voyaient des créatures dans les replis d’une vague
Dans les silhouettes de l’obscurité
Dans le chuchotement du vent
Ces yeux qui perçaient à travers les dimensions cachées de l’univers
Ces yeux qui croyaient encore à la poésie
Je veux rejoindre les sorcières
M’envoler vers le haut
Les ailes me poussent dans le creux du dos
Ma mère me le chuchotait
Elle insérait ses doigts sous mon omoplate
Tu as des ailes
Elle dit tu as le droit de croire en la magie
De retrouver ces yeux d’enfants
D’arrêter de voir le laid
Ce n’est pas fuir
Que de vouloir plonger
Dans le lac aux créatures magiques
C’est peut-être ça mon pouvoir
Aspirer la lune
L’avaler tout rond
Un ventre gonflé d’étoiles
Mes paupières glissent
Ma chambre bascule
C’est le lit qui me joue des tours
J’aime mieux rêver la nuit debout
Plongée dans le sommeil, j’aurais peur de ne pas savoir revenir
D’oublier un instant
Qui je suis
Elle dit
Il suffit d’un rayon de lune
Et je renverse la réalité
Revue Zeugme 