par Britany Gome
entre tuer le temps
Pris
et mourir d’ennui
le temps ne meurt pas
au bout de lui-même
le temps
change de face
fait trois petits tours
et pis s’en revient
–
tout faire
pour ne rien faire
dans les bars
laisse-moi
parler
sinon
mesurer en verges
ton vide intérieur
–
laisser le temps
tomber
à nos pieds
comme le fait la pluie
comme le font nos vêtements
comme toutes choses
sans gravité
ou avec
le temps ne nous arrive plus
à la cheville
–
sans doute passer à côté de
quelque chose comme soi-même
laçant
ne trouver d’attaches
que les velcros de ses souliers.
–
compter
sans jamais toucher l’infinité
(si mal)
toujours compter
compter toujours
jusqu’à prêt-pas-prêt-j’arrive
–
une tempête
bourrasque
les branches du temps
lourdes
plient
sous le verglas
tiens tiens
il est et demie
–
tu sauras jamais
faire
ma sauce à spag
y’a pas de recette pour être bon
grandir
c’est se sentir de plus en plus petit
dans les bras de sa mère
pis p’tit
tu r’tires tu d’l’impôt toi c’t’année?
–
les heures sont une histoire
qu’on se compte pour se faire peur
à quelles angoisses tu échappes
quand tu gosses sur ton cell en métro
à quelles peurs tu te mesures
quand tu scrolles facebook
sans cesse hors soi-même
gamin pris dans une quotidienne
pour ne pas rentrer
encore une couple de minutes
please
se jouer prisonnier d’une série télé
ou même
de la poule aux œufs d’or
ou bien
juste de ses poches
on se conjugue
en retard
partout
tout le temps
arriver
ici
ou à côté
quelque part
toucher quelque chose
se faire demander
de se retirer avant
–
le temps
se replie
sur lui-même
comme un album d’Éric Lapointe
le temps
se replie
sur moi
comme une obsession
pause
impossible d’en sortir
stop
impossible d’en sortir
cri
on ne se conjugue plus
quand
« t’es mort ou j’joue pu »