par Alex Noël
nous partons toujours en voyage
au moment où le soleil
se couche
nous traversons tous les
petits villages
à la noirceur
nous ne voyons pas le fleuve
mais nous lisons
notre avenir
sur les trucks qui passent
*
on croirait la ville
déposée sous un arbre
de noël ses maisons branchées
les unes dans les autres
le long de l’autoroute
une femme récupère
des aiguilles
pour recréer les foules
ici la lune
est toujours pleine
pour cinquante dollars la chambre
*
road kill la nuit monte
le temps de prendre un verre d’eau
il ne reste de la clarté
qu’une pelure dans le ciel
nous avons trop quêté
notre chemin
sur le visage des morts
dehors c’est toutes nos mères
qui réchauffent
leurs chars
*
au tarot des animaux
ton futur amoureux est
une raie
tu prends ton bain
à la lueur
d’un selfie
perce un trou
dans les draps
le lit est une chambre noire
*
dans le motel
s’éteignent les pommes et les oranges
la lourdeur qui fait qu’on
aurait tous valu la peine d’être cueillis
avant de rendre la clef
trop tard le vent
ici le vacarme récolte
ce qu’il sème
derrière les fenêtres
les femmes de ménage hurlent
tous les noms propres
de baie comeau
pour évider le matin
des chambres
nous n’avons jamais compris comment le son fait
pour se propager à travers les choses
*
nous reprenons la même route
au milieu d’un lendemain
de veille
ne t’en fais pas
dehors l’air est plein
de gens qui n’en peuvent plus
personne ne passe par le lave-auto
les jours de pluie
*
en regardant l’éclipse solaire
jeter ses allumettes sur la 20
nous avons mangé une molle
et je n’ai pas eu peur de brûler
ma rétine
avec mes yeux glow in the dark
je suis déjà aveugle
à la beauté du jour